Trente ans de routes et de saisons : Portrait de Nino, saisonnier

Depuis 30 ans, Nino parcourt la France avec son camion-snack : fatigue, rencontres et passion font de son job saisonnier un vrai mode de vie.

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Chaque été, beaucoup de jeunes cherchent un job saisonnier pour financer leurs études ou occuper leurs vacances. Mais pour certains, ces emplois dépassent le simple revenu : ils deviennent une véritable façon de vivre. C’est le cas de Nino, 54 ans, qui sillonne la France depuis trois décennies avec son camion-snack, transformant chaque saison en aventure humaine et professionnelle.

Un parcours atypique devenu vocation

Le premier job saisonnier de Nino remonte à trente ans. Comme beaucoup de jeunes de son époque, il voulait mettre un peu d’argent de côté et découvrir de nouveaux horizons. Ce qui devait être une parenthèse estivale s’est transformé en chemin de vie.

Chaque été, Nino installe son camion dans des campings, sur des places de villages ou à proximité des plages. Il vend pizzas, burgers et crêpes aux vacanciers. Chaque hiver, il enchaîne avec d’autres missions, souvent en station de ski. Sa vie est rythmée par le calendrier touristique.
« Les saisons, ça ne m’a jamais lassé. J’aime l’énergie, les rencontres et l’impression de repartir de zéro à chaque fois », confie-t-il. Là où beaucoup voient un emploi temporaire, lui a trouvé une liberté qu’un CDI classique ne lui aurait pas offerte.

La réalité du quotidien : intensité et endurance

Derrière le soleil et les sourires des touristes se cache une réalité exigeante. À La Forêt-Fouesnant, au camping Kersioual, Nino travaille 60 jours consécutifs, 7 jours sur 7, sans week-end ni pause prolongée. Préparer, servir, nettoyer, recommencer… chaque service est une course.
« Si on est fatigué, c’est qu’on a bien bossé », résume-t-il. La fatigue est le prix à payer, mais elle représente aussi la preuve d’une saison réussie, financée en quelques semaines seulement.

Le visage multiple du travail saisonnier

En France, près de 2 millions de personnes occupent chaque année un emploi saisonnier. Pour certains, c’est un job étudiant ; pour d’autres, une solution ponctuelle face à un chômage ou une reconversion ; pour quelques-uns, une trajectoire professionnelle assumée.

Les secteurs les plus demandeurs sont :

  • hôtellerie-restauration,
  • tourisme et campings,
  • agriculture (vendanges, récoltes, cueillette),
  • animation et loisirs,
  • montagne l’hiver.

Pour les employeurs, le recrutement saisonnier est un défi stratégique : attirer, former et fidéliser des candidats fiables est essentiel. Pour les saisonniers, c’est l’occasion de développer des compétences clés : gestion du stress, rapidité, sens du service et rencontres humaines fortes.

Passion et liberté : le moteur des saisonniers

Alors pourquoi continuer malgré fatigue et précarité ? Pour Nino, la réponse est simple : la passion. Le plaisir des rencontres, la liberté de ne pas être enfermé dans une routine, et la satisfaction de voir des clients fidèles chaque année.
« Quand je vois des clients revenir chaque été et me dire qu’ils attendaient mes pizzas, ça me donne un vrai sens à mon travail », raconte-t-il. Pour lui et de nombreux saisonniers, le travail n’est pas qu’un revenu, c’est un lien humain, une aventure et un mode de vie.

Le futur du travail saisonnier

Aujourd’hui, le secteur doit s’adapter à la pénurie de main-d’œuvre : meilleure rémunération, logement proposé ou subventionné, horaires aménagés, reconnaissance des compétences acquises. Des plateformes spécialisées, comme Ohmyseason, contribuent à professionnaliser le secteur en valorisant ces parcours atypiques et en facilitant la mise en relation entre candidats et employeurs.

Le parcours de Nino rappelle une réalité trop souvent sous-estimée : le travail saisonnier n’est pas seulement une étape ou un job temporaire. Il peut devenir un véritable chemin de vie, un choix alliant liberté, passion et rencontres humaines. Derrière chaque pizza servie ou chambre préparée, des saisonniers font vivre le tourisme français : un pilier invisible, mais essentiel, de notre économie.

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📌 Source : Le Télégramme (21 août 2025, Tom Froidefond)